Le verre est un matériau aux possibilités multiples, plutôt simple chimiquement, mais qui outre sa transparence vivante et quasi mystérieuse due à la lumière qui la traverse ou qui s’y trouve piégée, le verre offre des possibilités fantastiques sur le plan créatif et technique.
Le vitrail traditionnel (sorte de puzzle de pièces de verre assemblées avec du plomb) a démontré depuis des siècles combien en étaient grandes les possibilités. Notre fabuleux patrimoine de vitraux en France est a coupé le souffle dans ce domaine, depuis le moyen âge jusqu’à aujourd’hui. Pour qui n’est pas blasé, la visite de la plupart de nos églises est un émerveillement. Pour les vitraux nous utilisons traditionnellement des verres spécifiques, volontairement striés et bullés par une fabrication encore artisanale, soufflé à la bouche, et qui permettent à la lumière de jouer dans la matière même du verre et de la rendre vivante. Mais aussi des verres de toute sorte; libre à la créativité de choisir en fonction de l’effet, de l’objectif esthétique, du résultat que l’on souhaite.
Quant aux couleurs, elles sont dues à des oxyde métalliques et à une chimie élaborée et maintenant très scientifique! Les verres sont teintés dans la masse et les « peintures».
Actuellement, avec l’enrichissement de cette technique de base par diverses apports autorisés par les évolutions technologiques – par exemple les fours électriques, les verres plaqués, la gravure à l’acide, les différents outillages – le champ de création est encore plus vaste.
Revisité par les mouvements de l’art moderne et contemporain, de nombreuses créations récentes n’ont rien à envier sur le plan esthétique à nos maîtres des siècles passés maître dont l’énergie créatrice nous porte et exige de nous le meilleur. La barre est très haute! Tant mieux ! Et ce que j’aime dans le vitrail, c’est que c’est un art incarné, tributaire d’une technique, d’un savoir faire et donc les élucubrations idéologiques et fumeuses d’un certain art contemporain n’y trouvent pas trop place… En effet, les contraintes inhérentes à la mise en oeuvre d’un vitrail ne sont pas étrangères à l’invention, à l’originalité, à la motivation créatrice, et en fin de compte à la fascination qu’une verrière procure à son admirateur.
En étant avant tout un élément du mur, même si c’est un élément transparent ou plutôt translucide avec des fulgurances de lumières, des horizons de couleurs miroitantes selon les heures du jour, le vitrail a une caractéristique essentielle: c’est un art « monumental », et n’a donc rien à voir avec un tableau que l’on accroche à un mur. Il a pour vocation de s’intégrer, d’épouser le lieu et l’architecture pour lesquels il est destiné. Il n’est pas interchangeable, ni par la taille, ni par le motif, ni par les couleurs et sa luminosité. Henri GUERIN disait que c’est un art « serviteur » et j’aime cette définition, qui devrait parfois être mieux entendu par les artistes de tout poil, tellement serviteur…d’eux même!
La technique du vitrail, je l’ai rencontré au carrefour de ma passion pour l’art et de mon intérêt pour tout ce qui est manuel, création, expérimentations diverses. Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai eu des mains curieuses et avides de fabriquer, clouer, construire, découper, peindre, décorer. (Un grand père bricoleur coté paternel, et une grand mère artiste du coté maternel, une instit géniale en maternelle qui nous faisait découvrir toute sorte de moyens d’expression, et voilà comment la vocation a été inoculée !). De même j’étais passionné par l’architecture, la découverte des musées d’art, surtout modernes et contemporains, des galeries… et depuis tout petit, j’ai réalisé toutes sortes de dessins, peintures, encres, décors de théâtre, etc.
Serge Nouailhat